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« Séparer la mémoire de la douleur »


Tombé hors du temps, David Grossman, Paris : Seuil, 2012. 200 p. 18 €

Il y avait longtemps que je n’avais plus rien lu d’aussi étonnant et bouleversant. Où sommes-nous ? Question genre déjà : roman, théâtre, poème ? Espace : Israël, enfer, fantastique ? Et quel temps ? Tous et aucun, justement; “hors du temps” est avant hors de tout ce que l’on croit connaître, et pourtant au coeur de l’humanité. Tous ces êtres désenfantés promènent, littéralement, l’insupportable douleur des parents privés d’avenir. Des voix s’élèvent, s’opposent, se mêlent ; chronique d’une ville jamais citée, c’est la mélopée des vivants partis à la rencontre de leurs morts, égarés dans leur errance, sans savoir sur quelle rive de l’être ils se trouvent encore. Pourquoi ? Simplement, peut-être, pour “apprendre à séparer la mémoire de la douleur”, pour pouvoir se souvenir sans sombrer dans la mort. Comme s’il était d’abord nécessaire de tomber hors du temps pour retrouver sa place dans la vie.

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