Au nom du père, de Dieu et d’Auschwitz ; regards littéraires sur des questions c
La question du père et de Dieu telle qu'elle se pose après la guerre et les camps nazis est approchée, dans la présente étude, à partir d'un corpus littéraire privilégié: celui d'Élie Wiesel, auteur francophone, juif et prix Nobel de la paix.
Dans un premier temps, cette monographie aborde la question du père, de Dieu et de la Shoah dans une perspective philosophique et psychanalytique. Davantage qu'une ques-fion du père, on découvre qu'il s'agit d'une question au père; ce dernier est le lieu du questionnement, où chacun, fils face au père, homme face à Dieu, projette l'angoisse inhérente à sa condition. Toutes les sciences humaines ne sont dès lors qu'une façon d'appréhender cette angoisse, et la littérature est le lieu où certains auteurs développent les questions multiples qui l'accompagnent.
Dans la deuxième partie, ce travail se plonge dans l'oeuvre romanesque d'Elie Wiesel dont ce triple questionnement – Dieu, père et Shoah – est le fondement.___________________
Cet essai – qui est la publication de mon doctorat – prolonge le premier que j'ai consacré à Wiesel, Fou de Dieu ou Dieu des fous. Wiesel a intenté un procès à Dieu pour sa responsabilité dans la Shoah ; mais à travers ses romans, il intente aussi un procès au père – et le sien en particulier, qui n'a pas sauvé sa famille quand il l'aurait pu. Ce procès est plus long que celui intenté à Dieu, qui s'est achevé avec le roman Le crépuscule, au loin ; il ne s'achève qu'avec le roman L'Oublié où le père ne devient pas fou – comme Dieu –, mais sombre dans l'amnésie de la maladie d'Elzheimer.
Peter Lang, Bern, 1997.